Je m’endors tard le soir, généralement
après un dernier coup d’œil à la télé, un peu après minuit. (Je sais que la science médicale moderne
confirme la sagesse de nos grands-mères pour qui les heures de sommeil avant minuit comptaient
doubles pour la santé du dormeur/de la dormeuse, mais je ne suis pas sage.) Or, notre chambre à
coucher donne sur la gare à l’autre bout de la vallée, et j’aime voir less lumières de la gare
s’éteindre à minuit 15 précisément — avant de se rallumer à 5 heures du matin.
Je sais qu’elles se rallumeront, que l’obscurité n’est que provisoire, que la vie repartira demain matin. Comment est-ce que je le sais ? Par observation.
Je ne le crois pas seulement, je le sais, parce que je l’ai observé maintes fois. Évidemment, à minuit 15 passé, le philosophe ou le poète en moi se mettent à penser : cette extinction des feux, c’est un peu comme la vie qui s’arrête — pour repartir ? Après la mort ? Comment et où ? Là, je ne sais rien, mais je crois. Oui, je crois que la vie continue après la mort — pas pour le corps, qui ne vaut souvent plus rien, qui est usé, fichu, mais pour l’âme, pour le principe qui donne vie au corps et qui le quitte quand il a fait son temps. Et qu’elle est appelée ailleurs.
Un ami allemand, ingénieur naval de son métier, a rêvé peu avant sa mort qu’il allait être rappelé par Dieu le jour où la première neige tomberait. Le jour où la première neige est tombée, il est parti paisiblement.
Oui, il est parti, mais pas son corps. Je ne vois pas les bâtiments de la gare quand les lumières sont éteintes, mais je sais qu’ils sont là. Je n’ai pas vu Heimo après son départ, mais je savais que son âme était toujours là, proche, consolante, vivante, vivant d’une vie plus qu’humaine, divine maintenant que Dieu l’avait accepté en son éternité.
Croire et savoir. Pour reprendre un vers du grand écrivain allemand Johann Wolfgang von Goethe, « si tu n’as pas cela, ce « meurs et renais », tu n’es qu’un hôte bien triste sur une Terre bien sombre ». Les lumières ne sont éteintes qu’un petit temps. Forts de cette croyance, nous pouvons affronter tous les aléas de la vie.
Renseignements :
Thomas Bischoff
Ingénieur ETS, Associé en Psychosyntérèse
Ruelle de Borjaux 15, 1807 Blonay – Suisse
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